Que se passe-t-il lorsque le folk rencontre le gospel? Depuis 2017, je suis pasteur de l’église Gospel Celebration à Toulouse. Arrivant avec mon arrière-plan de chanson française, de folk et de louange worship, je me suis trouvé plongé dans un autre monde musical.
En France, le grand public connaît surtout le gospel traditionnel du XXe siècle des Mahalia Jackson, Aretha Franklin ou Edwin Hawkins Singers (si, si, vous avez forcément entendu leur « Oh Happy Day » dans un mariage). Je me souviens du choc émerveillé lorsque j’ai entendu pour la première fois la Mississipi Mass Choir sur un vieux vinyl de mon père. Je me vois encore tenter de reproduire encore et encore au piano les accompagnements syncopés que j’y entendais. Le deuxième choc émerveillé a été l’album Sweet Fellowship du groupe Acappella dont j’ai usé les rubans des cassettes (si, je suis vieux à ce point) jusqu’à extinction. Il y a eu aussi Ron Kenoly, ou Richard Smallwood et son gospel symphonique découvert avec les chorales de gospel à Collonges-Sous-Salève pendant mes études de théologie.
Mais le gospel continue à évoluer avec le temps, et c’est avec Kirk Franklin et One Nation Crew que j’ai rencontré le gospel contemporain. Depuis les premiers hymnes d’église réinterprétés par les esclaves noirs aux Etats-Unis, le gospel a toujours été un métissage et une intégration de genres musicaux et il continue. Je trouve que le « He Reigns/Awesome God » de Franklin particulièrement a été particulièrement emblématique de cette évolution avec son mariage de hip-hop et de latino sur un chant de louange. Aujourd’hui je suis particulièrement fan de Jonathan McReynolds et son gospel à la guitare folk (on ne se refait pas…).
Avec l’équipe de louange de l’église, je découvre donc tout un monde musical qui me force à sortir de mes sentiers battus. C’est dans ce contexte que le groupe West Indies Gospel m’a proposé un projet: « gospeliser » certains de mes chants pour les enregistrer lors d’un de nos programmes « Gospel & Tea ». Le concept: coté salle, un groupe enregistre des chants face à des caméras, et côté salle, le public profite du mini-concert autour de tables avec des boissons chaudes. C’était bien sûr avant les restrictions sanitaires.
J’ai découvert avec fascination ce que devenaient mes chants passés au travers du filtre du gospel, et le groupe a fait un travail formidable de recomposition. J’ai dû sortir de mes automatismes, tout comme les WIG ont dû apprendre de nouveaux morceaux. C’est finalement ça, une rencontre: chacun sort de chez soi pour se rencontrer quelque part au milieu. Et là, quelque chose de nouveau peut naître.
Voilà le résultat.